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INTENTION ARTISTIQUE


 

Du préam­bule à la réso­nance des désirs :
En 2013 la Ciné­math­èque de Toulouse organ­i­sait la présen­ta­tion de l’un des films doc­u­men­taires d’Elodie Lefeb­vre, sur la danse con­tem­po­raine africaine, au sein de l’Hôpital Rangueil.
Amputée de ses deux jambes, venue en fau­teuil roulant à la pro­jec­tion, une spec­ta­trice s’adresse à Elodie Lefeb­vre, artiste plas­ti­ci­enne et vidéaste, pour la remerci­er de ce qu’elle vient de vivre : « J’ai dan­sé pen­dant une heure ! »
…Et ce « Je désire » de l’Autre se lance, sonne, authen­tique, sim­ple, réha­bil­i­tant la per­son­ne qu’elle est et non celle que l’on croit voir par le prisme d’un corps empêché.
De cette ren­con­tre a ger­mé Si j’étais ton miroir, un pro­jet artis­tique pour écouter, et faire réson­ner les désirs de gens que la Cité entend peu sou­vent.

Le choix artis­tique : 
L’action menée via des temps de rési­dence allant de 6 mois à 3 ans, vise à faire enten­dre la voix de patients et des per­son­nels des ser­vices de soins pal­li­at­ifs, en pro­posant une expéri­ence inédite de col­lab­o­ra­tion artis­tique.
La créa­tion d’une série de vidéos, issues d’actions filmées au croise­ment de la danse (influ­ence de la danse/théâtre) et des arts visuels, va au-delà des dif­férences et des posi­tions patients/soignants pour y con­vo­quer l’Humain pour ren­dre vis­i­ble la réponse de la per­son­ne à la ques­tion posée:  « Quelle est votre envie ?», ou plus exacte­ment « Quelle est votre en vie ? ».

Le pub­lic mobil­isé : 
Au sein des ser­vices de soins pal­li­at­ifs, à l’hôpital, à l’EHPAD et bien­tôt au domi­cile privé, le pro­jet Si j’étais ton miroir va à la ren­con­tre de patients, leur entourage proche, et des pro­fes­sion­nels de san­té et admin­is­tratif, avec le souhait de ren­con­tr­er la per­son­ne, et non sa fonc­tion assignée dans l’ étab­lisse­ment. 
L’altération de la qual­ité de vie vécue par les patients en fin de vie et leur entourage qu’il soit proche ou soignant est mul­ti­ple et crée des frac­tures : physique, psy­chique, cul­turelle et sociale. 
Si j’étais ton miroir s’adresse à tous, allant au-delà des patholo­gies ou des empêche­ments, sans les nier. C’est « un ambas­sadeur qui amène autre chose du côté du désir dans la struc­ture de l’hôpital » Dr Traut­mann, Cen­tre Hos­pi­tal­ier de Givors. 
Cette mise à plat qui s’opère dans le cadre par­ti­c­uli­er de la rési­dence artis­tique, revis­ite et human­ise sous un autre angle la rela­tion à l’autre. Le lieu de soin devient un espace où les dimen­sions sen­si­bles et créa­tives sont ini­tiées par tous : par les par­tic­i­pants, mais aus­si par leurs proches, par les équipes soignantes et les mul­ti­ples asso­ci­a­tions ter­ri­to­ri­ales cul­turelles et sportives ren­con­trées et mobil­isées.

L’équipe artis­tique :
Si j’étais ton miroir utilise la struc­ture orig­i­nale et sin­gulière de l’œuvre col­lec­tive. Elle est portée par l’artiste plas­ti­ci­enne et vidéaste Elodie Lefèb­vre, et une équipe d’interprètes danseurs pro­fes­sion­nels, mobil­isé de façon régulière ou ponctuelle selon les néces­sités des vidéos-danse créées. Ensem­ble ils con­stituent le Col­lec­tif Si j’étais.
Elodie Lefèb­vre pro­pose de réalis­er une oeu­vre col­lec­tive,  où les par­tic­i­pants ren­con­trés à l’hôpital et sol­lic­ités pour le pro­jet devi­en­nent co-auteurs de la vidéo qu’ils co-créent et qui intè­gre l’œuvre ciné­matographique finale. 

Décou­vrir le Col­lec­tif Si j’étais

Faire acte de créa­tion :
Dans un scé­nario recueil­li par l’artiste, Elodie Lefeb­vre, auprès de chaque par­tic­i­pant, cha­cun devient auteurs et co-met­teurs en scène des désirs énon­cés. 
Soutenus par la vidéaste, d’abord seule, puis accom­pa­g­nés de danseurs inter­prètes, nom­més par le pro­jet « corps miroirs », les par­tic­i­pants vont éla­bor­er une créa­tion sin­gulière, dans laque­lle ils pour­ront guider les danseurs, et décider de mou­ve­ments caméra. La col­lab­o­ra­tion de cette « nou­velle équipe », se fait à toutes les étapes de tra­vail jusqu’au mon­tage final et le choix d’un titre pour la vidéo.
Chaque vidéo, asso­ciée et mon­tée par l’artiste, à celles des autres par­tic­i­pants, intè­gre l’opus ciné­matographique Si j’étais ton miroir.
Cette œuvre finale est ensuite dif­fusée au sein de l’établissement hos­pi­tal­ier accueil­lant, grâce aux out­ils de com­mu­ni­ca­tions internes (télévi­sions en cham­bre, salle d’attente…), à l’occasion de col­lo­ques et de sémi­naires, ain­si que dans les lieux cul­turels parte­naires du pro­jet — théâtres, ciné­mas, cen­tres d’art, médiathèques — dans le cadre de leurs fes­ti­vals, bien­nales cul­turelles, col­lec­tions… Ensem­ble, ces espaces de dif­fu­sion par­ticipent à l’écho vivant et légitime de ces voix au sein de la Cité.

La portée du pro­jet :
L’espace de la créa­tion, que l’artiste accom­pa­g­née des inter­prètes, ont eu envie de met­tre en dia­logue avec les par­tic­i­pants, per­met l’introspection, créant des regards inat­ten­dus et agran­dis sur soi et sur l’autre. En même temps il est un porte-voix, ouvert et vivant, tourné vers les autres et pou­vant pren­dre place dans la Cité, partageant une œuvre légitime.
Après plusieurs mois de tra­vail avec les dif­férents parte­naires de la ville, étab­lisse­ments cul­turels et de san­té, et financeurs, cette voix s’est faite puis­sante, trans­for­mant les idées en sen­sa­tion, en créa­tions, en moments uniques et en his­toires humaines. 
Cette dimen­sion, liée à la notion vitale du désir de vivre, per­met une adhé­sion forte au pro­jet et l’initiation à dif­férents débats éthiques de la part des par­tic­i­pants, de l’entourage proche, des  pro­fes­sion­nels de san­té, et des nom­breuses asso­ci­a­tions ou par­ti­c­uliers qu’il a fédéré en cours de route.
Dévelop­pé au sein des ser­vices de soins pal­li­at­ifs depuis sa créa­tion, le pro­jet artis­tique explore par ses réal­i­sa­tions une autre ques­tion : « Par quoi sommes-nous tra­ver­sés si près du seuil ? »
Si j’étais ton miroir se retourne aujourd’hui face au grand pub­lic et s’adresse à lui : « Et si j’étais ton miroir ? » Le pro­jet est sur le chemin de ses ambi­tions : faire œuvre avec l’Autre.

 

 

 

Si j'étais ton miroir