« Si j’étais ton miroir »
Projet artistique Art Vidéo/Danse
Préambule à la résonance des désirs
En 2013 la Cinémathèque de Toulouse organisait la présentation de l’un des films documentaires d’Elodie Lefebvre, sur la danse contemporaine africaine, au sein de l’Hôpital Rangueil.
Amputée de ses deux jambes, venue en fauteuil roulant à la projection, une spectatrice s’adresse à Elodie Lefebvre, artiste plasticienne et vidéaste, pour la remercier de ce qu’elle vient de vivre : « J’ai dansé pendant une heure ! »
…Et ce « Je désire » de l’Autre se lance, sonne, authentique, simple, réhabilitant la personne qu’elle est et non celle que l’on croit voir par le prisme d’un corps empêché.
De cette rencontre a germé Si j’étais ton miroir, un projet artistique pour écouter, et faire résonner les désirs de gens que la Cité entend peu souvent.
Quelle est votre « En Vie » ?
Accueillie depuis octobre 2019 par Le Centre hospitalier de Givors, l’artiste plasticienne et vidéaste Elodie Lefèbvre a conçu Si j’étais ton miroir, une résidence artistique collaborative, ouverte sur l’EHPAD et le service des soins palliatifs. Le programme Culture et santé et la Fondation de France en 2019/20 et 2020/21 l’accompagne.
L’action menée, vise à faire entendre la voix des résidents, des patients, et du personnel de ces services, en proposant une expérience inédite de collaboration artistique.
La création d’une série de vidéos, issues d’actions filmées au croisement de la danse (influence de la danse/théâtre) et des arts visuels, va au-delà des différences de chacun pour y convoquer l’Humain. Elle rend visible la réponse de chaque participant à la question posée : « Quelle est votre envie ?», ou plus exactement « Quelle est votre en vie ? ».
Faire acte de création
Dans un scénario recueilli auprès d’eux par Elodie Lefebvre, les participants deviennent auteurs et co-metteurs en scène de leurs désirs.
Soutenus par l’artiste vidéaste – seule, puis accompagnée de danseurs interprètes, ou corps miroirs – les participants vont élaborer une création singulière, dans laquelle ils pourront guider les danseurs, et décider de mouvements caméra. La collaboration de cette « nouvelle équipe », se fait à toutes les étapes de travail jusqu’au montage final.
Chaque vidéo, associée à celles des autres participants, intègre l’œuvre commune cinématographique, poétique et sensible : Si j’étais ton miroir.
Les publics
A l’hôpital comme à l’EHPAD, le souhait est de ne pas créer de différenciation entre les patients, les résidents, et les professionnels de santé, afin de rencontrer « les personnes, et non les fonctions assignées dans l’établissement. Si j’étais ton miroir s’adresse à tous, allant au-delà de leurs pathologies ou empêchements, sans les nier. C’est un ambassadeur « qui amène autre chose du côté du désir » (Dr Trautmann) dans la structure de l’hôpital. Cette mise à plat qui s’opère dans le cadre particulier de la résidence revisite et humanise sous un autre angle la relation à l’autre. Le lieu de soin devient un espace où les dimensions sensibles et créatives sont initiées par tous ; par les participants de 37 à 96 ans, mais aussi par leurs proches, par les équipes soignantes et les multiples associations territoriales rencontrées.
L’ouverture
L’espace de la création, que l’artiste accompagnée des interprètes, ont eu envie de mettre en dialogue avec les participants, permet l’introspection, créant des regards inattendus et agrandis sur soi et sur l’autre. En même temps il est un porte-voix, ouvert et vivant, tourné vers les autres et pouvant prendre place dans la Cité, partageant une œuvre légitime.
Après plusieurs mois de travail avec les différents partenaires, cette voix s’est faite puissante, transformant les idées en sensation, en créations, en moments uniques et en histoires humaines. Cette dimension, liée à la notion vitale du désir de vivre, permet une adhésion forte au projet de la part des participants, des familles, des professionnels de santé, des partenaires, et des nombreuses associations ou particuliers qu’il a fédéré en cours de route.
Si j’étais ton miroir se retourne aujourd’hui face au grand public et s’adresse à lui : et si j’étais ton miroir ? Le projet est sur le chemin de ses ambitions : faire œuvre avec l’Autre.
La diffusion
Les films sont diffusées au sein de l’établissement hospitalier, mais également par la compagnie « Drôle d’équipage », gestionnaire du Théâtre de Givors et partenaire culturel du projet, qui s’en fait l’écho. Il poursuit à légitimer la présence de ces voix si rares au sein de la Cité lors du festival « Les hommes forts ».
Après une première édition en 2019-20 portée par le Centre Hospitalier et le Théâtre de Givors et soutenue par la Fondation de France et par le programme Culture et Santé de la Région Rhône-Alpes, ce second cycle se poursuit sur ce lieu jusqu’en septembre 2021.